Les contes de faits • Méthode Z
Fait, opinion, information, fond, forme... si le « fact-checking » existe, c'est peut-être que les faits ne sont pas si robuste qu'on se plaît à le croire.
Suivez cette série proposée par Mr. Sam - Point d'interrogation dédiée aux scepticismes et découvrez la Méthode Z !
« Moi, je ne crois qu'aux faits. »
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Lire la transcription de l'épisode 4 de la Méthode Z
Intro
« — Une information est soit un fait, soit une opinion. Un fait est authentique, tandis qu'une opinion dépend de la personne qui la prononce.
— Dis-moi Skeptos ? À quel moment tu t'es dit que t'avais compris quelque chose ?
— Compris quoi ?
— Euh, quelque chose. N'importe.
— Je ne comprends pas.
— Voilà ! C'est ça ! Ça c'est beaucoup mieux. C'est ça que tu dois dire. »
De quoi un fait est-il le nom ?
Ceci est un fait.
« — Je suis un muffin. »
Et donc une information.
Une information interpelle toujours à la foi votre émotion et votre logique dans des proportions différentes selon :
- son fond : c'est-à-dire le message que je veux faire passer, et
- sa forme : c'est-à-dire comment je vais rendre mon propos pertinent ;
exemple.
Exemple de l'appel à la nature
« — Je suis un muffin fait à partir de produits naturels sans rien de chimique.
— Nanh, nia, nia. Tu fais un appel à la natureuh. Ce que tu dis c'est de la merde parce que “tout est à la foi chimique et naturelleuh”. Lolilol. Affaire classée ! »
En l'occurrence, le fond du message du muffin était qu'il est fait avec de bons produits, ce qui est vrai. Mais, il a utilisé comme forme des arguments que le sceptique de base s'empresse de dénoncer en discréditant le muffin dans le même élan.
« — Il a raison le sceptique, pour l'appel à la nature là, hein. C'est pas un bon argument. Mais du coup, il passe à côté de ce que voulait vraiment dire le muffin. Alors qu'il aurait pu, euh, je sais pas moi, l'aider à mieux argumenter au lieu de se foutre de sa balle. Et ouais, ça reste aussi con que n'importe qui un sceptique. »
Anatomie de l'information
Une information est donc composée d'une affirmation principale, autrement dit, d'un message.
« — Je suis un trèèèès bon muffin. »
Et elle est, lorsque c'est jugé nécessaire, portée par des arguments : autrement dit, des raisons d'y croire.
« — Je sens très bon, donc je vais être trèèèès bon !
— Pas forcément ! Tu peux tout aussi bien...
— Ayyeulll !! »
Ces raisons d'y croire sont elles-mêmes d'autres informations qui interpelleront à leur tour votre logique, vos émotions, etc.
De l'information faite avec de l'information faite avec...
« — De l'information faites avec
De l'information faites avec
De l'infromation faites avec
De l'information faites avec
De l'information faites avec
— Arrête là... ça colle la gerbe. »
Reproduction de l'information
« — Une information c'est comme une espèce animale en 2020. Soit ça se reproduit en masse, soit ça disparait dans l'indifférence générale Jamy ! »
Pour se reproduire, l'information fait son nid dans un milieu particulier appelé mémoire.
Une mémoire biologique comme le cerveau.
Ou une mémoire mécanique comme les disques durs, du papier, les réseaux sociaux.
Certaines personnes vont considérer qu'une information vaut la peine d'être répétée, communiquée, donc reproduite (Faire une petite métaphore biologique).
« — Mange mon muffin !! Il est bon !! »
Et d'autres, vont considérer, au contraire, que la même information devrait disparaître. Ils vont juste l'oublier. Parce que inconsciemment c'est pas, c'est pas marquant.
Et c'est ainsi que les informations se reproduisent et survivent ou meurent.
Fait et opinion
Je le disais, les informations interpellent de grands aspects de notre individualité :
- nos émotions et/ou
- notre logique.
Les informations qui prétendent décrire « ce qui est » —que ça nous plaise ou non—, relève du factuel.
« — Je suis un muffin, c'est un fait. »
Et celles qui prétendent décrire « ce qui devrait » —par nos choix moraux—, être ou ne pas être, relève de l'opinion.
« — Je goute bon, tout le monde doit m'aimer. C'est une opinion. »
Par facilité, on dit la plupart du temps qu'il y a les faits et les opinions. Mais ça peut-être trompeur parce que les opinions sont le fruit d'une certaine lecture de faits choisis et de faits exclus.
Alors qu'un fait dépend toujours de la façon dont la personne qui l'énnonce perçoit le monde. Et donc dépend des opinions de la personne qui l'énnonce.
Et oui, c'est un petit écosystème tout ça. Et du coup c'est très très souvent une erreur de rejeter un discours tout entier pour la mauvaise opinion qu'il véhicule ou les faux faits qu'il exprime.
« — Enfin bref ! »
Pour soulager vos neurones et éviter de se farcir les commentaires de Skeptos, on va quand même garder les grandes familles faits et opinions.
Retenez juste qu'en réalité, tout ça est séparé par des frontières qui sont plutôt floues.
Moi, je ne crois qu'aux faits
Tout ça pour dire que, quand on dit « Moi, je ne crois qu'aux faits. », en réalité, vous dites ne croire qu'aux faits qui vous ont convaincu. Rien ne me dit que les faits auxquels vous croyez sont fiables. C'est donc uniquement pourquoi ces faits vous ont convaincus qu'ils étaient vrais qui va me renseigner sur la fiabilité de ce que vous dites.
Et en général, si vous me dites ne croire qu'aux faits... humm... humm... ça veut déjà dire que votre méthode ne sait pas que le mot fait n'est pas un synonyme de vérité.
Le mot fait n'est qu'un synonyme d'information. Et si je dis, « euh, moi je ne crois qu'aux informations », et bah ça le fait tout de suite beaucoup moins...
Et donc, euh, bah, quelqu'un qui dit qu'il ne croit qu'aux faits, en fait, ce qu'il dit c'est qu'il ne croit qu'aux informations qu'il trouve vraies : ce qui est pas fou fou comme argument.
L'opinion qu'on a d'un fait invérifiable
Petit exemple pratique. Si je dis que
« — Je ressens la présence de Dieu. »
Et que, et que, que, je le dis, euh... je pense vraiment ça.
Est-ce que c'est une opinion ou est-ce que c'est un fait ?
Ah vous voyez quand on joue sur les frontières, ça surchauffe rapidement du ravioli.
Le problème dans cet exemple, c'est qu'en réalité c'est une, c'est une information invérifiable pour laquelle on a une opinion sur sa véracité.
Croire sans preuve
Ouais, parce que pour bien foutre le bordel : une opinion ça peut aussi être le fait de croire qu'une chose est vraie sans en avoir la preuve. Ce qui nous empêchera pas d'affirmer qu'elle est vraie : « comme si » on en avait la preuve.
Et être prêt à croire sans preuve qu'une chose est vraie, c'est ce mettre dans les meilleures dispositions pour ce faire manipuler : ni plus, ni moins.
Alors oui, il conviendrait de discuter ici de ce qu'est, ce que n'est pas une preuve, etc. Mais ça, ça on se le garde pour un autre épisode.
Résumé
Allez, on récapitule !
« — Le mot fait est synonyme d'information.
— Le mot fait n'est pas synonyme de vérité.
— Une information est un message porté par des raisons d'y croire.
— Ces raisons d'y croire sont elles-mêmes des informations.
— Une information peut-être un fait, une opinion ou une information invérifiable pour laquelle on a une opinion.
— Selon le succès qu'elle rencontre, et n'ont pas selon son réalisme, l'information peut proliférer ou disparaitre. »
Fait ≠ vérité
Information = message + raison de croire
Rasion de croire = information
Information = fait / opinion / opininon sur un fait invérifiable
Persistance de l'information = son potentiel de séduction
Persistance de l'information ≠ sa réalité
par Mr. Sam
« — Pour résumer, si, si vous me dites ne croire qu'aux faits, bah moi je vais en déduire que vous êtes une passoir à fausses informations parce que vous idéalisez votre perception de la réalité.
— Et si je dis ne croire qu'aux faits produit par une méthode fiable ?
— Et bah tu passeras pour un intello et personne t'écoutera. »
Outro
« — La “méthode Z” est ce que vous en ferez.
Vous pouvez en faire une arme pour “remporter les débats”, mais n'espérez pas que “l'autre change” subitement d'avis.
Vous pouvez en faire un miroir pour “avoir moins tort”, mais apprêtez-vous à vivre dans un monde qui a beaucoup plus de “certitudes” que vous.
Vous pouvez en faire une bouée pour “aider les autres” à sortir de croyances toxiques, mais vous ne pourrez “forcer personne” à l'utiliser.
La méthode Z est ce que vous en ferez, alors “prenez-en soin”. »
À propos de Mr. Sam
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